Quand tout s’est arrêté...
Pendant des années, j’ai tenu bon.
Je dirigeais avec mon épouse un établissement de tourisme de plein air, un métier qui exigeait tout, de la rigueur, de la présence, de la réactivité, de la perfection.
Les journées commençaient tôt, finissaient tard et ne laissaient aucune place au repos, du moins très peu. Je courais sans cesse après les résultats, la satisfaction, les attentes, celles des autres et surtout les miennes.
Je me disais que je n’avais pas le choix. Il fallait tenir, pour les engagements, pour les équipes, pour les clients, pour ne décevoir personne. Je me persuadais que la fatigue passerait, que tout irait mieux après la saison, après les vacances des autres. Mais ce après n’est jamais venu.
À force de repousser mes limites, j’ai franchi une ligne invisible. Mon corps, lui, savait depuis longtemps que quelque chose n’allait pas. Les signaux étaient là, les palpitations, les essoufflements, cette boule dans la gorge, ce sommeil qui ne réparait plus rien. Puis il y avait cette peur constante, sourde, viscérale, la peur de mourir, la peur que quelque chose de grave m’arrive à tout instant. Je vivais comme un fil tendu prêt à rompre. J’étais épuisé, mais incapable de m’arrêter.
Puis un jour, tout s’est effondré, pas lentement, pas symboliquement mais brutalement.
Mon corps a dit stop et j’ai compris que je n’étais plus capable de rien. Ni de penser, ni d’agir, ni même de me battre. Le burn-out avait pris toute la place. Ce que j’ai vécu ensuite, je ne le souhaite à personne. Une fatigue écrasante, une angoisse permanente, le sentiment d’être vide, inutile, absent de sa propre vie. Mais c’est aussi dans ce vide que quelque chose d’autre s’est mis à naître. Très doucement presque imperceptiblement.
Avec le soutien de ma femme, de mes proches et grâce à un accompagnement bienveillant, j’ai commencé à me reconstruire. Pas ma vie d’avant non, mais une vie plus juste, plus simple, plus vraie. J’ai appris à écouter ce que mon corps avait essayé de me dire depuis si longtemps. J’ai appris à respirer, à ralentir, à poser des limites, à dire “non” sans culpabiliser. J’ai appris à exister sans me perdre dans le faire.
Le burn-out n’a pas été une punition, il a été un signal. Une invitation brutale, mais salutaire, à revenir à l’essentiel. Il m’a obligé à me regarder en face, à me rencontrer, à comprendre ce que j’étais, pas courir, mais vivre.
Plus le temps passait, plus un appel intérieur grandissait en moi, celui d’aider, à mon tour, ceux qui se battent dans le silence. Ceux qui se lèvent chaque matin en serrant les dents, persuadés qu’ils doivent tenir encore un peu.
Je sais ce qu’ils ressentent. Je sais la peur, la honte, la culpabilité et je sais aussi qu’on peut s’en sortir.
Aujourd’hui, c’est ce que je transmets à travers mon métier de coach. Je ne parle pas depuis les livres ou la théorie. Je parle depuis la vie, depuis l’effondrement et la reconstruction.
Mon message est simple :
"Ne sous-estimez jamais votre capacité à vous relever."
Même au fond du gouffre, il existe une lumière. Elle est faible au début, mais elle ne s’éteint jamais. Le courage, ce n’est pas de ne jamais tomber. C’est de se relever, encore et encore, jusqu’à retrouver la force d’être soi.
Le burn-out m’a brisé, oui. Mais il m’a aussi révélé. Aujourd’hui, avec le recul, je peux dire qu’il a été la plus belle et la plus dure des leçons de vie.
Burn-out & stress